Lorsque j’avais 13 ans, on avait tous une guitare à la main et on aimait chanter. J’ai appris mes premiers accords en regardant jouer mon grand frère Romain.
Romain m’avait même entraînée à sa suite dans le métro parisien pour jouer «au chapeau», ce qui était sans nul doute sa première prestation de musicien des rues, et, pour moi, la dernière… ou presque, puisque nous avons récidivé en 2016, dans les rues de Québec, avec en complément ma fille Viviane. Un trio éphémère dans sa carrière solo.
Romain et moi avions une chanson fétiche, «He was my brother» («c’était mon frère»), de Simon et Garfunkel, parce que nous avions justement 5 ans de différence comme dans la chanson. Chaque fois qu’on se trouvait ensemble, il fallait qu’on la chante. Le héros de l’histoire mourait à 23 ans, (en défendant une bonne cause) et pendant quelques années, jusqu’à ce que Romain dépasse cet âge fatidique, j’avais une peur irrationnelle qu’il meure lui aussi à 23 ans. Mais il a vécu. Toujours avec ses 5 ans de plus que moi.
Mais cette semaine, Romain n’est plus. J’ai du mal à réaliser. Il n’aura pas toujours 5 ans de plus que moi. Je vais continuer à vieillir, pas lui. Un jour, peut-être, je dépasserai son âge actuel et je serai plus vieille qu’il ne l’a jamais été. Et ça, je ne l’avais pas prévu.
Que dire d’autre? Le remercier pour les bons moments passés ensemble. Lui souhaiter bonne route, de l’autre côté du miroir.